40 ans après la naissance de Louise Brown, le premier bébé éprouvette, on peut bien parler de succès : plus de 8 millions de bébés nés de la FIV depuis 1978 sont à mettre au crédit de la fécondation in vitro. Et les taux de grossesse avec la FIV se stabilisent en Europe autour de 36%, selon ces dernières données présentées au 34è Congrès annuel de l’European Society of Human Reproduction and Embryology (ESHRE).
Le comité international de suivi des progrès de la procréation médicalement assistée (International Committee for Monitoring ART – ICMART) rapporte en effet que le nombre global de bébés nés de la FIV et d'autres traitements avancés de fertilité a dépassé les 8 millions dans le monde. Ce chiffre, impressionnant, calculé à partir des données recueillies auprès des registres régionaux de 1991 à 2014, traduit également une autre tendance, l’augmentation importante de l'utilisation de la FIV dans le traitement de l'infertilité. Selon ces estimations, plus d'un demi-million de bébés naissent chaque année de la FIV et de l'ICSI sur plus de 2 millions de cycles de traitement.
En Europe, l'Espagne reste le pays le plus actif en matière de procréation médicalement assistée. En 2015, 119.875 cycles de traitement ont été réalisés en Espagne, ce qui place ce pays désormais devant la Russie (110.723 cycles), l'Allemagne (96 512) et la France (93,918). Ces cycles comprennent des traitements avec FIV, ICSI et le don d'ovules.
Principales tendances du rapport : au total, ce rapport est basé sur l’analyse de près de 800.000 cycles de traitement réalisés en 2015 et 157.449 naissances. Quelques tendances émergent :
- les cliniques en Europe continuent de favoriser l'ICSI par rapport à la FIV sur un rapport d’environ 2 :1 (356.351 ICSI vs 131.221 FIV) ;
- ainsi, l'ICSI, développée au début des années 1990 en tant que traitement spécifique de l'infertilité masculine (faible nombre de spermatozoïdes, qualité médiocre du sperme), elle est maintenant clairement utilisée pour la fécondation dans d’autres cas d’infertilité ;
- les taux de grossesse semblent stabilisés en Europe à environ 36% pour la FIV et l'ICSI ;
- les taux de grossesse sont plus élevés avec les embryons de 5 jours (blastocystes) qu'avec les embryons de 3 jours ;
- les taux de grossesse avec don d'ovules continuent de progresser (maintenant à environ 50%) ;
- le taux de grossesse gémellaire continue de baisser en Europe, en 2015 à environ 14% ;
- le taux de transferts d'embryons uniques continue de progresser, passant de 11% en 1997 à 38% en 2015.
La conquête de l'embryon gagne du terrain : tous les embryons dans 15% de tous les cycles de traitement suivis en 2015 ont été congelés avant décongélation et transfert dans un cycle suivant. L'adoption de cette approche a augmenté de 7% par rapport à l'année précédente. La congélation par vitrification expliquerait aussi l'augmentation des traitements de don d'ovules, sans doute rendue possible par la mise en banque des œufs et la plus grande disponibilité des ovules.
Cependant, l’accès aux traitements de procréation médicalement assistée reste très inégal en Europe, notent les auteurs, avec le Danemark et la Belgique offrant chacun plus de 2.500 cycles de traitement par million de population, tandis que d'autres pays, dont l'Autriche et l'Italie, beaucoup moins.
Le besoin mondial de traitements avancés de fertilité serait d'environ 1.500 cycles par million de population par an et seule une minorité de pays européens répondent à ce besoin.
Source: 34th Annual Meeting of ESHRE (European Society of Human Reproduction and Embryology) 3 July 2017 O-145: European IVF monitoring of ART and development of a strategy for vigilence
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