Ces résultats, bien qu’à interpréter avec prudence, suggèrent que l'utilisation récente de certaines pilules contraceptives peut augmenter le risque de cancer du sein. Les conclusions de cette étude, menée sur pas moins de 20.000 femmes, montrent même, globalement un risque accru de 50% en cas d’utilisation dans les 12 derniers mois. Particulièrement sur la sellette, les pilules à dose d’œstrogène modérée en raison de leur diffusion toujours importante. Ces données, présentées dans Cancer Research, apportent un argument supplémentaire à opter pour d’autres modes de contraception, lorsque cela est possible.
Les chercheurs du Cancer Research Center Fred à Seattle ont mené cette étude cas-témoins auprès de 1.102 femmes diagnostiquées avec un cancer du sein et 21.952 contrôles, à partir des données d'utilisation de contraceptifs oraux des pharmacies électroniques comportant le nom du contraceptif, la posologie et la durée du traitement.
Les auteurs constatent que l'utilisation récente de la contraception orale est associée à un risque accru de 50% de cancer du sein, toutes pilules confondues vs l'absence total d'usage ou une utilisation très ancienne. Précisément,
· Les pilules contraceptives à forte dose d'œstrogène (1ère génération- Triella® en France) sont associées à un risque de cancer du sein multiplié par 2,7
· A dose modérée d'œstrogène (2ème génération- Minidril®, Adepal®, Trinordiol®) sont associées à un risque de cancer du sein accru de 60%,
· Les pilules contenant du Diacétate d'éthynodiol (Encore Triella® pour la France) sont associées à un risque de cancer du sein multiplié par 2,6
· Les pilules combinées triphasiques contenant une moyenne de 0,75 mg de noréthindrone (Non commercialisées en France) sont associées à un risque multiplié par 3,1.
· Les pilules contraceptives à faible dose d'œstrogène n'augmentent pas le risque.
Aux Etats-Unis, selon les auteurs, parmi les utilisatrices de pilules contraceptives, au cours des 12 derniers mois,
· 24% le seraient de pilules à faible dose d'œstrogène,
· 78% à dose modérée,
· moins de 1% à forte dose.
Les derniers chiffres de l'ANSM font état, pour la France, d'une augmentation des ventes de COC de 1ère et 2ème générations
· avec une teneur en oestrogènes de 20 μg, ces ventes ont plus que doublé de janvier à avril 2013 par rapport à janvier à avril 2012 et continuent d'augmenter de janvier à avril 2014,
· avec un dosage de 30-40 μg, l'augmentation est plus modérée, d'environ 6%.
· En revanche, pour les dosages de plus de 50 μg, les ventes ont diminué de 9% de janvier à avril 2013 par rapport à janvier à avril 2012 puis de 20% de janvier à avril 2014 vs janvier-avril 2012.
Des augmentations du risque de cancer du sein, avec l'utilisation de la pilule, qui doivent être confirmées et doivent être interprétées avec prudence, selon les auteurs, car le cancer du sein est rare chez les jeunes femmes et les bénéfices de l'utilisation de contraceptifs oraux (et autres) sont indiscutables.
Source: Cancer Research July, 2014 doi: 10.1158/0008-5472.CAN-13-3400 Recent Oral Contraceptive Use by Formulation and Breast Cancer Risk among Women 20 to 49 Years of Age
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