La grossesse n’est pas une période heureuse pour toutes les femmes, et pour près d’une femme sur 4 elle est même extrêmement douloureuse. 22,7% c’est la proportion de femmes victimes, durant leur grossesse, de violence conjugale révélée par cette étude de la Fondation Espagnole pour la Science et la Technologie (SINC). Ce chiffre, certes « espagnol » mais lourd de signification quel que soit le pays, en cache un autre : 36 % des femmes qui déclarent avoir été victimes de violence physique affirment que « c’est arrivé très souvent ou tous les jours ».
Cette enquête sur la prévalence de la violence domestique contre les femmes enceintes est non seulement une analyse des comportements violents envers les femmes, mais envers les femmes en période de grande vulnérabilité. Ses données, recueillies sur un échantillon de 779 femmes ayant accouché dans des hôpitaux publics d'Andalousie, à l'aide de 2 échelles internationales, «the Abuse Assessment Screen (AAS) » et l'«Index of Spouse Abuse (ISA) », peuvent être extrapolées à d'autres pays ayant des environnements socioculturels similaires.
Les résultats confirment, tout d'abord, l'implication fréquente du partenaire intime dans la violence –en général-faite aux femmes avec ce taux d'incidence, de 22,7%, de violence subie de la part du partenaire (un taux moyen obtenu en réunissant les résultats de l'AAS et ISA) : Ainsi, 21% des femmes sont victimes de violence émotionnelle pendant leur grossesse, 3,6% de violence physique ou sexuelle.
Enfin, 36,1% des femmes déclarant avoir été victimes de violence physique, affirment l'avoir été régulièrement voire quotidiennement. Parmi ces femmes victimes de violence physique, 20,3% rapportent des contusions graves, des brûlures ou des os cassés. En outre, 3 des femmes rapportent des coups portés à l'abdomen.
Des comportements choquants du partenaire, trop fréquemment évoqués :
«Mon partenaire se met en colère et il est impossible à calmer quand il a trop bu » : 10% des femmes répondent par l'affirmative.
« Mon partenaire se met en colère si je ne suis pas d'accord avec lui » : 18% des femmes répondent par l'affirmative.
L'ampleur du problème saute aux yeux d'autant que les conséquences sont souvent sévères pour la santé de la mère comme de son bébé. Les auteurs précisent que si la prévalence de la violence conjugale envers les femmes enceintes est particulièrement élevée en Espagne, elle n'est pas anodine non plus dans les pays voisins, avec des taux compris entre 3,4% à 8,3%. Autant de chiffres qui appellent à une détection systématique de la violence conjugale au cours du suivi de grossesse et le développement de protocoles à mettre en oeuvre, pour protéger la mère et l'enfant, le cas échéant. «L'implication et la motivation des professionnels de la périnatalité est cruciale », concluent les auteurs.
Des facteurs sociodémographiques stéréotypés ? Lorsque les chercheurs analysent les facteurs qui pourraient être liés à la violence pendant la grossesse, tels que l'âge, l'éducation, la profession, la nationalité, le type de relation et le soutien dans leur environnement, les stéréotypes « ne tiennent pas ». En revanche, les femmes qui vivent des relations non-engagées ou ne disposent pas du soutien de leurs proches ou de leur communauté sont plus susceptibles d'être victimes de violence conjugale pendant la grossesse.
Source: Acta Obstetricia et Gynecologica Scandinavica 2014 DOI: 10.1111/aogs.12459 Intimate partner violence against Spanish pregnant women: application of two screening instruments to assess prevalence and associated factors (Visuel© Dan Race – Fotolia.com)
Lire aussi: VIOLENCES faites aux FEMMES: Dans un cas sur 2 l'agresseur est le partenaire intime –