La capacité d’adaptation et la résilience peuvent permettre à certaines femmes de surmonter l'angoisse liée à des avances insistantes ou à des pressions sexuelles persistantes, conclut cette étude conduite par deux femmes psychologues de l'Université du Tennessee. Les conclusions, présentées dans la revue Sex Roles, suggèrent que ces femmes, plus résilientes, vivent ce type de harcèlement plus comme un défi à surmonter que comme une agression, qui, chez d’autres, peut mener à la détresse psychologique. La différence est dans la résilience.
Certaines jeunes femmes ont tout simplement une capacité de résilience telle qu'elle leur permet d'ignorer l'effet de propos, de regards insistants ou d'avances sexuelles indésirables. A contrario, des femmes moins bien armées peuvent développer de véritables troubles psychologiques, comme les troubles du comportement alimentaire, des symptômes dépressifs voire des problèmes de toxicomanie, face à ce type d'expériences.
Ces deux psychologues, Dawn Szymanski et Chandra Feltman de l'Université du Tennessee, ont étudié comment des étudiantes peuvent gérer ces expériences d'agression sexuelle, à partir d'une enquête par questionnaire en ligne menée auprès de 270 jeunes femmes hétérosexuelles.
Leur analyse confirme les effets de ce type d'expériences sur la détresse psychologique. Ainsi, les femmes ayant une faible capacité de résilience se montrent particulièrement vulnérables et ont tendance à intérioriser, jusqu'à se sentir confuses et honteuse, à ressentir un sentiment d'infériorité tel qu'il mène à une détresse psychologique.
D'autres femmes, plus « flexibles » savent mieux gérer ces effets indésirables grâce à une forte capacité à faire face et à s'adapter. Elles gèrent mieux le stress associé et surmontent l'expérience tel un simple défi.
La résilience apparaît dans l'étude, à la fois comme un mode intrinsèque de fonctionnement personnel et comme un moyen permettant de s'adapter rapidement à des situations stressantes.
Quel sens les patientes donnent-elles à l'adversité ? Les cliniciens, spécialisés dans la prise en charge de situations de harcèlement ou d'oppression sexuelle, ont tout à gagner, expliquent les auteurs, à apprendre comment fonctionnent leurs patientes, quel est leur réseau de soutien social et « quel sens elles donnent à l'adversité » : « Les psychologues peuvent aider leurs patientes à identifier et à explorer les différentes façons par lesquelles elles peuvent mieux faire face à une telle situation. Alors que, dans la plupart des cultures, les femmes restent considérées comme des objets sexuels destinés à assouvir les désirs sexuels des hommes et sont victimes d'une hyper-sexualisation croissante, il est important de leur apprendre à surmonter ces expériences et à prévenir le développement associé chez les femmes les moins armées, de problèmes de santé mentale ».
Source: Sex Roles 6, Aug. 2014 DOI 10.1007/s11199-014-0392-6 Experiencing and Coping with Sexually Objectifying Treatment: Internalization and Resilience (Visuel © Peter Atkins – Fotolia.com)
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