Son incidence est en forte hausse ces dernières décennies et cette étude confirme son association avec l'excès de poids : le cancer de l’utérus -et de l’endomètre- est ainsi, comme les autres cancers « de la Femme » associé au surpoids et à l’obésité et l’épidémie d’obésité contribue à expliquer sa hausse d’incidence. Cette étude menée par l'Université de Bristol et le Cancer Research UK (Londres) apporte une nouvelle confirmation de cette étroite association, en concluant à un risque double de cancer de l’utérus en cas de simple surpoids.
Le cancer de l'utérus est l'un des types de cancer les plus étroitement liés à l'obésité, rappellent les chercheurs. C'est le cancer gynécologique le plus courant dans les pays à revenu élevé et le 4è cancer le plus courant chez les femmes dans les pays riches : 1 femme sur 36 sera diagnostiquée au cours de sa vie. De précédentes études ont estimé qu'environ un tiers des cancers de l’endomètre sont causés par le surpoids et l'obésité.
Cette vaste analyse statistique est l'une des premières études à examiner l'effet d'un IMC plus élevé tout au long de la vie, sur le risque de cancer de l'utérus. Et c'est l'une des premières aussi à identifier une association dose-dépendante entre l’IMC et le risque de cancer. C’est précisément un excès de poids sur le long terme plutôt qu'un « instantané » dans le temps comme la plupart des autres études, qui double presque le risque de développer un cancer de l'utérus.
Pour 5 unités d'IMC supplémentaires, le risque de cancer de l'utérus (endomètre) est accru de 88 %
- 5 unités d'IMC en plus, c’est ce qui sépare les catégories « surpoids » et obésité »…
L'étude a effectué l’analyse des données d'environ 120.000 femmes d'Australie, de Belgique, d'Allemagne, de Pologne, de Suède, du Royaume-Uni et des États-Unis, dont environ 13.000 avaient un cancer de l'utérus. Les chercheurs ont notamment examiné 14 marqueurs qui pourraient médier cette association entre l'obésité et le cancer de l'utérus. L'analyse révèle :
- 2 hormones, l'insuline à jeun et la testostérone, qui augmentent le risque de recevoir un diagnostic de cancer de l'utérus ;
Le rôle cancérogène déjà établi des hormones : l'obésité augmente le risque de cancer, par le biais de ces 2hormones. Cette découverte suggère que des médicaments permettant de réduire ou d’augmenter le niveau de ces hormones chez des personnes déjà à risque plus élevé de cancer pourraient contribuer à prévenir ce risque. La metformine, par exemple, utilisée dans le traitement du diabète peut exercer cet effet de réduction de ces hormones, et pourrait donc affecter, de manière positive, le risque de ce cancer.
Les analyses génétiques pour détecter le risque : l’auteur principal, le Dr Emma Hazelwood, du Cancer Research UK souligne également cet autre intérêt de l’étude : elle précise les analyses génétiques qui peuvent être utilisées pour préciser, au niveau moléculaire, comment l'obésité cause le cancer.
Enfin, si des recherches supplémentaires restent nécessaires pour déterminer exactement quels traitements et médicaments pourront être utilisés pour gérer le risque de cancer chez les personnes aux prises avec l'obésité, l’étude apporte une nouvelle confirmation du risque induit par
le surpoids ou l'obésité, des facteurs aujourd’hui considérés comme la deuxième cause de cancer,
et documentés comme associés au risque de 13 types de cancer. Enfin, on notera qu'un résultat similaire avait récemment été documenté pour le cancer colorectal, associé lui-aussi avec la durée de l'obésité.
Source: British Journal of Cancer March, 2022 DOI : 10.1038/s41416-018-0029-6 The fraction of cancer attributable to modifiable risk factors in England, Wales, Scotland, Northern Ireland, and the United Kingdom in 2015