Cette équipe de l’Université de Nagoya (Japon) suggère ici que l'élimination d’un type de bactérie, Fusobacterium, fortement exprimée près de l'utérus des patientes atteintes d'endométriose, constitue un traitement prometteur. L’équipe montre sur des modèles d'endométriose et dans la revue Science Translational Medicine, que l'utilisation d'un antibiotique ciblant la bactérie, réduit considérablement la formation des lésions associées à l'endométriose.
L’endométriose est un trouble gynécologique caractérisé par la présence de tissu de type endométrial à l'extérieur de l'utérus. Cette affection gynécologique est très courante et on estime qu’elle touche plus d’1 femme sur 10 âgée de 15 à 49 ans. Ses symptômes peuvent être handicapants, allant de douleurs pelviennes chroniques aux dommages aux organes, à la baisse ou perte de fertilité. Aujourd’hui, si la condition peut être traitée par hormonothérapie et résection chirurgicale, ces procédures entraînent parfois des effets secondaires, dont sur la grossesse, et des récidives.
« La maladie peut impliquer plusieurs systèmes d'organes et affecter tous les aspects de la vie, dont les relations intimes et la santé mentale », ajoute l’auteur principal, le Dr Catherine Allaire, du Département d'obstétrique et de gynécologie de l’Université de la Colombie-Britannique et chercheur au Women's Centre for Pelvic Pain and Endometriosis (Vancouver).
L’étude, menée à l'Université de Nagoya, montre que :
- des souris, modèle d’endométriose, infectées par Fusobacterium présentent plus de lésions, et des lésions plus sévères ;
- cependant, lorsqu’elles reçoivent un antibiotique ciblant Fusobacterium, la formation des lésions est réduite ;
Fusobacterium, marqueur diagnostique et cible thérapeutique : ainsi, le ciblage par antibiotique des bactéries Fusobacterium se révèle efficace pour traiter l’endométriose. « L'éradication de cette bactérie par un traitement antibiotique semble une approche prometteuse pour traiter l'endométriose chez les femmes positives pour l'infection à fusobactéries, et ces patientes pourraient être facilement détectées par prélèvement vaginal ou utérin ».
Transgéline (TAGLN) une protéine clé de la pathogenèse : TAGLN est régulée positivement chez les patientes atteintes d'endométriose. La protéine est associée à des processus clés du développement de l'endométriose. Sa hausse semble déclenchée par un facteur de croissance (TGF-β), libéré par les macrophages, en réponse à Fusobacterium.
En d’autres termes, résument les chercheurs,
dans l’endométriose, l'axe Fusobacterium-TAGLN-endométriose est déréglé,
et cibler Fusobacterium avec un antibiotique peut réduire ce dérèglement.
Des essais cliniques sont en cours au département d'obstétrique et de gynécologie de l'hôpital universitaire de Nagoya.
Source: Science Translational Medicine 15 June, 2023 DOI: 10.1126/scitranslmed.add1531 Fusobacterium infection facilitates the development of endometriosis through the phenotypic transition of endometrial fibroblasts
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