Cette équipe de gynécologues et de pédiatres des Universités de Glasgow et de Bristol, salue les avantages de la péridurale pou la santé maternelle, après l’accouchement. La recherche, publiée dans le British Medical Journal (BMJ) démontre que bénéficier d’une péridurale pendant le travail est associé à une réduction marquée des complications graves au cours des premières semaines qui suivent l'accouchement.
Des complications maternelles sévères (SMM : severe maternal morbidity), qui comprennent notamment ici la crise cardiaque, l’insuffisance cardiaque, la septicémie et l’hystérectomie. Les chercheurs rappellent que la péridurale est recommandée pour les femmes présentant des facteurs de risque connus de ces complications, dont l'obésité, certaines affections sous-jacentes ou les naissances multiples. Chez ces femmes, c’est une « indication médicale » pour l’analgésie péridurale qui s’impose.
Enfin, si de précédentes recherches ont suggéré cet avantage de la péridurale, les preuves restent limitées.
La péridurale réduit pourtant de 35 % le risque de complications maternelles
L’étude précise donc ces effets positifs de la péridurale de travail sur le risque de complications chez la mère, et évalue si cet avantage est plus important chez les femmes ayant une indication médicale, en particulier vs chez les femmes à risque d’accouchement prématuré. Les chercheurs ont analysé les données de 567.216 mères âgées en moyenne de 29 ans, ayant accouché par voie vaginale ou par césarienne non planifiée entre 2007 et 2019, référencées dans la base du Scottish National Health Service. Les dossiers médicaux ont été utilisés pour identifier l'une des 21 conditions définies comme « SMM » par les US Centers for Disease Control and Prevention (CDC) ou l’admission en soins intensifs entre la date d'accouchement et 42 jours après l'accouchement. L’équipe a également pris en compte les facteurs de confusion possibles, dont l’âge de la mère, son origine ethnique, son poids, ses antécédents de tabagisme et ses conditions préexistantes, ainsi que le lieu de la naissance et l’âge gestationnel à la naissance.
- sur les 567.216 femmes, 22 % ont eu une péridurale pendant le travail ;
- une complication (SMM) est survenue pour 4,3/1.000 naissances ;
- la péridurale s’avère associée à une réduction de 35 % du risque de SMM chez toutes participantes ;
- une réduction encore plus élevée est observée chez les participantes ayant une indication médicale de péridurale (réduction du risque de 50 %) vs celles n'en ayant pas (réduction du risque de 33 %) et vs les participantes accouchant avant terme (réduction du risque de 47 %) ;
- parmi les 77.439 femmes de l’étude qui présentaient un risque plus élevé de morbidité maternelle grave, seules 25 % ont reçu une péridurale.
Les chercheurs plaident pour une surveillance plus rigoureuse de la mère et du bébé pendant le travail, pour des mesures permettant la réduction stress physiologique lié au travail et pour l’adoption « d’interventions obstétricales » si nécessaire.
Le recours relativement faible à la péridurale, en particulier chez les patientes présentant des indications cliniques, reflète en effet le fait que les femmes ne comprennent pas pleinement les avantages potentiels de cette forme d’analgésie, car c'est bien le choix de la femme qui détermine si elle va bénéficier ou non d'une péridurale.
Cette vaste étude, d’observation, mais bien conçue reflète donc une marge d’amélioration des pratiques obstétricales et anesthésiques et « corrobore la pratique consistant à recommander l’analgésie péridurale pendant le travail aux femmes présentant des facteurs de risque connus ». Elle souligne également l’importance d’assurer un accès équitable à la péridurale.
Les chercheurs poursuivent leurs travaux, avec l’objectif de comprendre les mécanismes à l’origine de cet effet protecteur, de réduire au maximum l’incidence de ces complications quelles que soit l’origine socio-économique et ethnique des mères.
Source: The BMJ 22 May, 2024 DOI: 10.1136/bmj-2023-077190 Epidural analgesia during labour and severe maternal morbidity: population based study