C’est probablement la première recherche sur les niveaux de douleur physique éprouvés par les femmes qui pratiquent une interruption volontaire de grossesse (IVG). Si on dit souvent aux femmes que la douleur provoquée par une IVG médicamenteuse n'est pas pire que les crampes menstruelles, de nombreuses femmes restent mal préparées à l'intensité de la douleur. Cette enquête menée par le British Pregnancy Advisory Service (BPAS) et publiée dans la revue BMJ Sexual & Reproductive Health appelle à informer ces patientes « de manière plus réaliste ».
L’enquête confirme que de nombreuses femmes ne sont absolument pas préparées à l'intensité de la douleur au point que certaines déclarent qu'elles auraient probablement choisi une autre option si elles l'avaient su. L'IVG médicamenteuse est pratiquée jusqu'à la fin de la 7e semaine de grossesse, soit au maximum 9 semaines après le début des dernières règles. Cette méthode d’IVG consiste en France à prendre 2 médicaments, le 1er interrompant la grossesse, le 2è provoquant l'expulsion de l’œuf. La méthode ne nécessite donc ni anesthésie, ni intervention chirurgicale. En Angleterre et au Pays de Galles, c'est la méthode la plus courante jusqu'à 10 semaines de grossesse, la quasi-totalité de ces IVG étant pratiqués à domicile, expliquent ici les chercheurs.
L’IVG médicamenteuse est souvent douloureuse
Plusieurs recherches ont souligné l'importance d'un conseil anticipé sur la gestion de la douleur, et l'impact positif du conseil u médecin ou de la sage-femme pour réduire la peur, l'anxiété et même le niveau de douleur ressenti.
L’étude menée auprès de 11.906 patientes du BPAS ayant subi une IVG médicamenteuse, révèle que :
- une patiente sur 3 subi cette IVG entre 8 et 9 semaines de grossesse ;
- près de la moitié n'avaient jamais accouché auparavant ;
- 48,5 % déclarent que la douleur ressentie alors est plus forte que prévu ;
- 92 % attribuent à leur douleur un score d’au moins 4 sur une échelle de 10 ;
-
41,5 % lui attribuent un score de 8 à 10 (douleur sévère).
- 13 % déclarent qu’en toute connaissance de cause, elles auraient opté plutôt pour une IVG chirurgicale ;
- 83 % invoquent la douleur comme principal facteur de décision ;
- dans l’ensemble, les patientes qui déclarent qu’elles auraient préféré une IVG chirurgicale, ont éprouvé des scores de douleur élevés (8,5, en moyenne) ;
- vs un score d'un peu plus de 6 pour les patientes qui opteraient pour une IVG médicamenteuse si nécessaire à l'avenir ;
- certaines patientes ont estimé que la douleur qu'elles ressentaient n'était pas pire que les douleurs menstruelles, mais d'autres ont déclaré ne pas être préparées à l'intensité de la douleur ressentie.
« La douleur était comparable à celle ressentie avec les contractions pendant le travail ».
« Apporter des informations précises et réalistes sur la douleur est non seulement important pour préparer les patientes à l’IVG médicamenteuse, mais aussi pour soutenir le consentement éclairé au choix de la méthode ».
Source: BMJ Sexual & Reproductive Health 17 Dec, 2024 DOI: 10.1136/bmjsrh-2024-202533 Expectations and experiences of pain during medical abortion at home: a secondary, mixed-methods analysis of a patient survey in England and Wales (In Press) via BPAS