
Cette étude alerte sur les conséquences de l’obésité maternelle sur les résultats de santé du bébé : ainsi, les enfants nés de mères obèses -ici avec un IMC de 35 ou plus- présentent un risque accru d’hospitalisation pour infection. L’étude publiée dans la revue BMJ Medicine, souligne à nouveau l’importance d’un poids santé avant et après la grossesse, pour la santé de la mère et de l’enfant.
Or, la prévalence mondiale de l’obésité maternelle progresse au même rythme que celle de l’obésité en population générale et devrait atteindre près d’1 femme sur quatre (23 %) d’ici 2030. Cette augmentation est particulièrement préoccupante, car elle signifie aussi un état d’inflammation chronique pour ces femmes, qui augmente le déficit de réponse immunitaire, des modifications d’expression génétique et des altérations défavorables du microbiome intestinal. Soit autant de facteurs susceptibles d’influencer la santé à long terme du fœtus en développement.
De nombreuses études ont été publiées sur l’obésité et la grossesse, cette recherche précise la corrélation entre le poids maternel et, précisément, l’incidence des infections infantiles. Dans cette relation, de nombreux facteurs modifiables devraient être pris en compte, tels que l’allaitement, le mode d’accouchement et la prise de poids pendant la grossesse.
Les taux d’hospitalisation des enfants augmentent avec l’IMC maternel
L’étude « Born in Bradford », examine ainsi l’impact de ces multiples facteurs, sociaux, environnementaux et génétiques sur la santé maternelle et infantile, en suivant 9.037 participantes ayant donné naissance à 1 enfant entre mars 2007 et décembre 2010. 37 % de l’échantillon résidait dans les zones les plus défavorisées. Les chercheurs ont suivi l’état de santé de leurs 9540 enfants, dont le nombre d’hospitalisations pour infection et le nombre d’infections au cours des 5 premières années de vie et les principaux résultats de santé, jusqu’à 2022.
Les infections comprenaient les infections des voies respiratoires supérieures ; infections des voies respiratoires inférieures ; infections cutanées et des tissus mous ; infections génito-urinaires ; infections gastro-intestinales ; infections bactériennes invasives ; infections virales multi systémiques.
Les facteurs pris en compte comprenaient : l’allaitement maternel pendant 6 semaines ou plus après la naissance ; l’accouchement par césarienne ; la prématurité à moins de 37 semaines ; la prise de poids moyenne hebdomadaire excessive et la prise de poids totale excessive pendant la grossesse ; et l’obésité infantile. L’analyse révèle que :
- au total, 5.009 hospitalisations pour infection ont été enregistrées entre la naissance et l’âge de 15 ans ;
-
environ 30 % des enfants ont été hospitalisés pour infection au moins 1 fois jusqu’à l’âge de 15 ans ;
- 19 % une fois, 6 % deux fois et 4 % trois fois ou plus ;
- les taux d’admission les plus élevés concernaient les nourrissons de moins d’1 an (135 admissions pour 1.000 personnes-années), un taux qui tombait à 20 pour 1.000 personnes-années chez les 5-15 ans ;
- les taux d’admission bruts augmentent avec l’IMC maternel : 39,7 admissions pour 1.000 personnes-années chez les enfants dont la mère avait un poids santé, contre 60,7 pour 1.000 personnes-années chez ceux dont la mère était obèse (grades 2 et 3) ;
- après ajustement avec les facteurs de confusion possibles, l’IMC maternel se révèle positivement associé aux taux d’admission à l’hôpital pour infection tous âges confondus ;
- ces résultats ne sont statistiquement significatifs que pour les enfants dont la mère souffre d’obésité de grades 2 et 3 ;
- ces enfants de mères obèses présentent un risque accru de plus de 40 % d’hospitalisation pour infection pour une infection avant l’âge d’un an, après prise en compte de facteurs potentiellement influents, tels que l’âge de la mère, son origine ethnique et le niveau de vulnérabilité socio-économique, par rapport à ceux dont la mère avait un poids santé ;
- ces associations s’avèrent légèrement plus fortes chez les garçons que chez les filles ;
- parmi les facteurs modifiables (dans une certaine mesure), la prématurité représente une proportion modeste de l’association (7 %) entre l’obésité de grade 2-3 et les infections infantiles au cours des 5 premières années de vie ;
- la césarienne en revanche, représente 21 % et l’obésité infantile à 4-5 ans 26 % ;
- l’allaitement maternel et la prise de poids excessive pendant la grossesse ne sont pas des facteurs significativement associés.
Si l’étude, d’observation, ne permet pas d’établir de relation de cause à effet, elle apporte à la preuve des multiples recherches ayant déjà documenté les conséquences de l’obésité maternelle, avant et au cours de la grossesse, sur les résultats de santé du bébé.
Et si l’effet de l’obésité maternelle peut globalement sembler modeste, et limité aux femmes présentant une obésité de grade 2-3, son effet possible, en population générale et donc en santé publique, est considérable.
Source: BMJ Medicine 3 June, 2025 DOI: 10.1136/bmjmed-2024-001050 Association between maternal body mass index and hospital admissions for infection in offspring: longitudinal cohort study (In Press) via AAAS 3 June, 2025 Mum’s obesity linked to child’s heightened hospital admission risk for infection
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