Les femmes atteintes d'adénomyose font face à un risque très accru de complications pendant la grossesse et l'accouchement, alerte cette équipe de l'Université de Western Ontario (Londres au Canada), qui présente ses conclusions lors du 39è Congrès annuel de la European Society of Human Reproduction and Embryology (ESHRE). Ces travaux qui précisent les niveaux de risque des différentes complications et invoquent les causes sous-jacentes, appellent les professionnels de la santé de la Femme à une surveillance particulière de ce groupe de patientes durant leur grossesse.
L’adénomyose qui touche environ 1 femme sur 10 en âge de procréer est une forme d’endométriose interne à l’utérus localisée précisément sur la zone de jonction entre l’endomètre et le myomètre. La maladie se développe lorsque le tissu endométrial et les glandes qui tapissent normalement l'utérus se trouvent ou se développent dans la paroi musculaire de l'utérus. Pendant les règles, ce tissu s'épaissit et saigne comme il le ferait normalement dans l'utérus.
Les symptômes peuvent inclure des crampes sévères, des saignements abondants et des douleurs pendant les rapports sexuels. Cependant, certaines femmes ne présentent aucun signe physique, ce qui rend la maladie difficile à diagnostiquer. L'adénomyose peut survenir avec l'endométriose, une condition proche mais distincte.
De précédentes études ont déjà montré que les femmes atteintes d'adénomyose sont plus susceptibles de rencontrer des problèmes obstétricaux et gynécologiques. Il est connu que les femmes souffrant d’adénomyose encourent un risque accru d'infertilité, cette étude révèle également des problèmes pendant la grossesse et pendant l'accouchement.
Adénomyose, quelles complications ?
L’étude : les chercheurs de de l'Université de Western Ontario avec des collègues de l'Université McGill (Montréal), ont entrepris de fournir des informations approfondies sur les résultats maternels, de grossesse et néonatals chez les femmes atteintes d'adénomyose. L’équipe a analysé les données enregistrées de 2004 à 2014 dans la base Nationwide Inpatient Sample (NIS), la plus grande base de données sur les soins hospitaliers aux patients hospitalisés aux États-Unis. L’analyse a ainsi porté sur les données de 9.094.321 femmes sans adénomyose enceintes et de 2.467 futures mères atteintes d'adénomyose. L’analyse révèle que :
- les patientes atteintes d'adénomyose sont en moyenne plus âgées, plus fréquemment atteintes d’obésité, d'hypertension chronique, de maladie thyroïdienne, de diabète prégestationnel et ont également plus fréquemment déjà subi une césarienne et une FIV.
- Vs les femmes sans adénomyose, ces patientes présentent un risque 5,86 fois plus élevé de nom de placenta praevia (la sortie naturelle du bébé par le vagin est bloquée par le placenta recouvrant l'ouverture du col de l'utérus) ;
- un risque accru de 69 % de pré-éclampsie, une affection propre à la grossesse associée caractérisée par une pression artérielle élevée et à un taux élevé de protéines dans les urines :
- un risque accru de 50 % d’hypertension artérielle ;
- un risque relatif de complications obstétricales multiplié par 21 pour la césarienne, par plus de 6 pour l'hystérectomie, par plus de 2 pour les complications de cicatrisation, par plus de 2 de transfusion sanguine, par plus de 2 de décollement du placenta de la paroi utérine, de près de 2 d’hémorragie après la naissance du bébé et de près de 2 d’infection (maternelle) ;
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le risque le plus fréquent est ainsi l'accouchement par césarienne.
Quels facteurs de complications ? L'étude n'a pas cherché à savoir pourquoi ces risques pendant la grossesse étaient accrus. Cependant, les chercheurs évoquent plusieurs causes telles que l’inflammation chronique, une altération du flux sanguin placentaire, l’âge avancé, des taux accrus d'utilisation de la technologie de procréation assistée et les tumeurs bénignes parfois causées par l'adénomyose.
Ces données appellent à une surveillance accrue des millions de femmes atteintes d'adénomyose dans le monde durant la grossesse.
L'auteur principal, le Dr Mohammed Bazarah, de l'Université de Western Ontario, conclut : « Les femmes atteintes d'adénomyose sont plus susceptibles de souffrir d'infertilité, d'accouchement prématuré et d'autres conditions gynécologiques telles que l'endométriose. Elles méritent donc une surveillance toute particulière ».
Source: European Society of Human Reproduction and Embryology (ESHRE) 39th Annual Meeting 28 June, 2023 Presentation O-269 session 81: Management of adenomyosis : current strategies and future perspectives Reproductive and Neonatal Outcomes in Women with Adenomyosis: A Population-based Study