Cette équipe de la Northwestern (Illinois) revient sur un phénomène fréquent et inexpliqué : l’amélioration « miraculeuse » de la polyarthrite rhumatoïde pendant la grossesse. L’étude, publiée dans la revue Arthritis Research identifie notamment des marqueurs génétiques permettant de prédire cette amélioration, chez certaines femmes, pendant la grossesse.
La polyarthrite est une maladie incurable qui touche 1 % de la population mondiale et entraîne un handicap important en raison d’une inflammation des articulations et d’une destruction du cartilage et des os. L’incidence de la polyarthrite rhumatoïde est 3 fois plus élevée chez les femmes qui se posent alors la question de la poursuite ou de l’arrêt du traitement, durant leur grossesse. En décryptant les processus sous-jacents et en identifiant ces marqueurs génétiques, l’équipe apporte un mode de détection et de pronostic de ces évolutions de la maladie.
50 à 75 % des femmes voient leur maladie s’améliorer naturellement pendant la grossesse
Lorsque les femmes atteintes de polyarthrite rhumatoïde envisagent de concevoir, nombreuses sont celles qui se demandent si elles doivent arrêter leurs médicaments, au risque d’une poussée de la maladie, ou si elles doivent poursuivre leur traitement, au risque de nuire au bébé. Si de nombreuses femmes enceintes bénéficient d’une réduction naturelle de la maladie durant leur grossesse, il n’existait jusque-là aucun moyen de prédire cette évolution.
L’auteur principal, le Dr Damini Jawaheer, professeur agrégé de rhumatologie à la Feinberg School of Medicine de l’Université Northwestern ajoute que « lorsque les femmes atteintes sont enceintes, il se produit souvent une amélioration naturelle, qualifiée parfois de « miracle ». Les patientes déclarent alors :
« Je ne me suis jamais sentie aussi bien ».
Des marqueurs génétiques avant la grossesse pour prédire l’évolution de la polyarthrite :
L’étude est menée grâce à une cohorte de grossesses unique au Danemark, ayant recruté des femmes atteintes de polyarthrite et des femmes en bonne santé avant la grossesse. L’analyse d’échantillons de sang prélevés sur les participantes avant la grossesse ont permis de mesurer les niveaux de différents gènes exprimés dans le sang. Précisément, ces échantillons de sang ont été prélevés avant la grossesse auprès de 19 femmes atteintes et de 13 femmes en bonne santé. L’analyse révèle, qu’avant la grossesse :
- un groupe de globules blancs appelés neutrophiles est plus fortement exprimé chez les femmes dont l’état va s’améliorer pendant la grossesse ;
- certains gènes liés aux lymphocytes B sont plus fortement exprimés chez les femmes dont l’état risque de se détériorer.
Être désormais capable de prédire quelles sont les femmes dont l’état de santé va s’améliorer ou s’aggraver va considérablement les aider dans la planification de leur grossesse et permettre d’optimiser la surveillance des femmes chez qui une aggravation est ainsi prédite. De plus, les femmes pour lesquelles est prévue une amélioration pourront envisager d’arrêter leur traitement, avec des avantages également pour leur bébé.
« Si les femmes atteintes de polyarthrite peuvent connaître à l’avance la réduction de leur maladie pendant la grossesse, elles pourront arrêter de prendre leurs médicaments. Certains de ces médicaments sont toxiques et affectent le fœtus ».
Alors comment la nature fait-elle disparaître une maladie incurable ? Comprendre encore un peu mieux comment la grossesse induit cette amélioration naturelle va permettre de développer un nouveau médicament qui serait plus sûr et pourrait améliorer la vie des femmes et des hommes vivant avec cette terrible maladie.
Source: Arthritis Research 4 Oct, 2023 DOI : 10.1186/s13075-023-03169-6 Pre-pregnancy gene expression signatures are associated with subsequent improvement/worsening of rheumatoid arthritis during pregnancy
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