Cette équipe de l’Institute for Systems Biology (ISB), une organisation de recherche à but non lucratif (Seattle) révèle toutes les nuances cliniques associées à la maladie auto-immune, en cas de grossesse. La recherche, publiée dans la revue Lancet eClinical Health, montre une très grande variabilité des issues de grossesse chez ce groupe de femmes et conclut à l’absence d’approche standard et à la nécessité d’une démarche de soins personnalisée.
Les auteurs principaux, le Dr Jennifer Hadlock et le Dr Philip Mease, rhumatologues rappellent que pour de nombreuses futures mères atteintes d’une maladie auto-immune, la grossesse peut être angoissante et pleine d’inconnues.
Certaines femmes qui souffrent de maladies auto-immunes vont même jusqu’à renoncer à la grossesse
par peur des complications.
L’étude révèle en fait de grandes différences dans les issues de grossesse des femmes enceintes souffrant d'une maladie auto-immune. Le Dr Mease commente : « Une femme qui souffre d’une maladie auto-immune, qui tombe enceinte ou envisage de concevoir, doit absolument en discuter avec un spécialiste des maladies auto-immunes ».
L'examen des dossiers de santé électroniques de plus de 365.000 femmes enceintes sur une période de 10 ans, dont plus de 5.700 souffraient d'au moins une des 12 maladies auto-immunes : psoriasis, maladie inflammatoire de l'intestin, polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite, sclérose en plaques, lupus érythémateux systémique, rhumatisme psoriasique, syndrome des antiphospholipides, syndrome de Sjögren, vascularite, sarcoïdose et sclérose systémique. Les chercheurs ont pris en compte un grand nombre de caractéristiques de la grossesse et maternelles associées à la naissance prématurée, ainsi que de nombreuses autres comorbidités. L’analyse livre ces principales conclusions :
- une relation très complexe entre les maladies auto-immunes et l’issue de la grossesse ;
- chez les patientes atteintes d’une maladie auto-immune, la présence d’autres pathologies constitue un facteur de risque important d’accouchement prématuré, de petite taille pour l’âge gestationnel et de faible poids de naissance ;
- les patientes atteintes de lupus encourent notamment un risque plus élevé d'issues de grossesse défavorables ;
- de manière inattendue, après ajustement ave les éventuelles autres comorbidités, les patientes atteintes de polyarthrite rhumatoïde ou de maladie inflammatoire de l’intestin ne semblent pas présenter d’augmentation significative du risque d’issues indésirables de la grossesse.
Si, certainement, « les maladies auto-immunes sont associées à un risque plus élevé de mauvais résultats de la grossesse », chaque type de maladie auto-immune semble exercer un effet différent sur les issues de la grossesse. Les antécédents médicaux sont à prendre en compte et le niveau de risque peut évoluer au cours de la grossesse.
Prises ensemble, ces observations incitent à
gérer chaque grossesse avec maladie auto-immune comme un cas particulier
et à prendre également en compte les comorbidités.
La recherche pose également de nouvelles questions sur les interconnexions entre les différentes maladies auto-immunes et leurs effets indésirables possibles sur la grossesse et confirme qu’il n’existe pas de prise en charge « standard » ou unique.
Source: EClinicalMedicine 31 Jan, 2024 Maternal-fetal outcomes in patients with immune mediated inflammatory diseases, with consideration of comorbidities: a retrospective cohort study in a large U.S. healthcare system (In Press) via AAAS 31 Jan, 2024 1-Jan-2024 Autoimmune disease and pregnancy
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