Les mères qui le souhaitent, mais ne le peuvent pas, sont plus susceptibles de souffrir de dépression postnatale, selon cette étude espagnole et britannique. Il s’agit d’allaitement maternel. Ces conclusions, obtenues auprès de plus de 14.000 femmes et présentées dans le Maternal and Child Health Journal, montrent aussi que les femmes qui ont allaité exclusivement au sein pendant 4 semaines ou plus ont un risque réduit de 19% de symptômes de dépression post-natale, 8 semaines après l'accouchement.
Environ 1 femme sur 10 souffre de dépression postnatale, à ne pas confondre avec le «baby blues», la dépression de la mère pouvant aller jusqu'à affecter sa capacité à créer du lien avec son bébé et jusqu'à perturber son développement à long terme. Ces symptômes peuvent se développer au cours des 6 premières semaines qui suivent l'accouchement et apparaissent plus visiblement environ à 6 mois. Ici, les auteurs précisent que près de 3% des femmes souffrent de dépression post-partum dans les 14 semaines suivant l'accouchement et que, globalement, 19% des mères vivent un épisode dépressif au cours de la grossesse ou dans les 3 mois qui suivent la naissance.
Les chercheurs de l'Université de Seville, de Cambridge, d'Essex et de Londres ont analysé les données d'une enquête britannique longitudinale portant sur la santé et le développement d'environ 14.000 enfants nés au début des années 1990. Leur objectif était d'évaluer l'association entre l'allaitement au sein et la santé mentale de la mère dont le risque de dépression post-natale. Car cette relation peut aussi être influencée par des facteurs biologiques, comme des différences dans les niveaux d'hormones ou par un sentiment de réussite ou d'échec de l'allaitement maternel. Pour évaluer les symptômes de dépression, les chercheurs ont utilisé l'échelle Edinburgh Postnatal Depression Scale à 18 et 32 semaines de grossesse puis 8 semaines, 8, 18 et 33 mois après la naissance. Les mères ont été interrogées sur l'allaitement du bébé. L'analyse montre que,
· Sur la prévalence de la dépression :
– 7% des femmes souffrent de dépression à 18 semaines de grossesse
– 8% à 32 semaines de grossesse,
– 9 à 12% après la naissance.
· Sur l'allaitement maternel :
– 80% des mères l'initient,
– 74% le poursuivent pendant une semaine ou plus.
– 56% des mères allaitent toujours à 4 semaines dont 43% exclusivement.
· Sur l'association allaitement maternel et risque de dépression : Après ajustement des facteurs de confusion possibles, l'analyse montre que,
– L'intention d'allaiter puis la possibilité d'allaiter sont associées à un risque réduit de 42% de dépression 8 semaines après l'accouchement (OR : 0,58),
– L'allaitement exclusif au sein pendant 4 semaines est associé à un risque réduit de 19% de dépression, 8 semaines après l'accouchement (OR : 0,81).
L'association n'est plus significative à 8, 18 ou 33 mois après la naissance. Le risque le plus élevé de dépression est constaté chez les femmes qui avaient prévu d'allaiter, mais n'ont pas pu commencer à allaiter. Ces femmes ont un risque multiplié par 2,5 de développer une dépression à 8 semaines vs les mères qui n'en avaient pas l'intention. L'étude suggère ainsi une association entre désir et faisabilité de l'allaitement maternel et risque de dépression maternelle. Ses résultats soulignent à nouveau l'exigence d'un soutien efficace à l'allaitement pour les femmes qui veulent allaiter, mais aussi pour les femmes qui le souhaitent mais ne le peuvent finalement pas.
Source: Maternal and Child Health Journal August 2014 DOI10.1007/s10995-014-1591-z New Evidence on Breastfeeding and Postpartum Depression: The Importance of Understanding Women's Intentions
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