On connaissait le rôle de l’ocytocine, ces chercheurs australiens identifient une autre protéine clé, dans le déclenchement et l’efficacité du travail. Cibler cette protéine, hERG, qui induit l’intervalle et l’intensité des contractions de l'utérus, pourrait permettra d’intensifier le travail, en particulier chez les femmes obèses, ou a contrario prévenir le risque de prématurité. Conclusions dans Nature Communications
Les chercheurs australiens de la Monash University, de l'Université de Melbourne et du Royal Women's Hospital décryptent ici le rôle d'une protéine de la voie moléculaire hERG dans l'amplitude et de la durée des contractions avant le travail. Le gène hERG est déjà connu pour jouer un rôle dans le nombre de canaux de potassium dans le muscle cardiaque qui influencent la durée de l'intervalle entre les contractions musculaires. Lorsque l'intervalle est court, les contractions sont faibles. Pour que la grossesse arrive à son terme, il est important que les cellules musculaires ne se contractent pas trop fortement, en revanche, de fortes contractions sont nécessaires pendant le travail. Enfin, de précédentes recherches ont montré que chez les femmes obèses, le muscle utérin présente une moindre capacité de contraction, pouvant nécessiter un accouchement par césarienne.
L'étude a donc comparé l'activité des cellules musculaires de l'utérus et leur capacité à se contracter, via des biopsies du muscle de l'utérus, chez des 43 femmes à terme mais hors travail vs chez 27 femmes à terme en cours de travail. Les chercheurs ont ensuite analysé si les différences observées étaient associées à une augmentation de l'indice de masse corporelle (IMC). Leur analyse constate,
– que l'extinction du gène hERG (bloqué avec un médicament, le dofétilide), qui produit cette protéine dans le tissu de la matrice, accroît les contractions,
– que les femmes minces ou de poids normal ont des niveaux d'activité augmentés de la protéine et que les femmes en surpoids (IMC> 30) ont des niveaux inférieurs de la protéine, associé à des contractions plus faibles.
La protéine identifiée semble une cible prometteuse
· pour développer un médicament permettant de déclencher le travail chez les femmes « en retard »,
· « éteindre » son gène pourrait permettre d'augmenter la force des contractions chez les femmes obèses, et contribuer à un travail plus efficace chez ces femmes,
· enfin, accroître son activité pourrait, dans l'autre sens, contribuer à prévenir les naissances prématurées.
D'autres recherches restent nécessaires avant toute application clinique, mais, au détour, l'étude rappelle aussi l'importance, ici pour un travail efficace, d'aborder la conception avec un poids de santé et de bien contrôler son poids durant la grossesse.
Source: Nature Communications June 17 2014 doi:10.1038/ncomms5108 Diminished hERG K+ channel activity facilitates strong human labour contractions but is dysregulated in obese women
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