La ménopause précoce qui survient vers l'âge de 40 ans vient d’être associée, par cette large étude française, à des effets néfastes durables sur certaines fonctions cognitives, plus tard dans la vie. Il ne s’agit pas de démence, mais principalement de réduction de la capacité verbale et de la mémoire visuelle. Ces nouvelles données, à prendre en compte dans les risques collatéraux des interventions chirurgicales portant sur les ovaires, viennent d’être publiés dans BJOG, an International Journal of Obstetrics and Gynaecology.
Car une ménopause prématurée peut survenir, soit naturellement, soit en raison d'une affection sous-jacente, comme l'insuffisance ovarienne primaire, soit encore si les ovaires ont été endommagés par une chimiothérapie, une radiothérapie, ou enlevés chirurgicalement pour différentes raisons (hystérectomie ou ovariectomie bilatérale).
Les chercheurs des universités de Montpellier, de Bordeaux, du Centre Mémoire de Ressources et de Recherche (CMRR) de Montpellier, d'autres instituts de recherche français et australiens et de l'Imperial College London, ont analysé les données de tests de mémoire de 4.868 femmes – participant à la cohorte « 3 villes (Montpellier, Bordeaux et Dijon)»- à l'âge de 65 ans, puis régulièrement durant 7 ans. L'objectif était d'identifier un lien entre les troubles de la mémoire et l'âge de la ménopause. Ont également été prises en compte, les données sur l'utilisation éventuelle, passée ou actuelle d'une thérapie hormonale au moment de la ménopause, l'âge, le niveau d'éducation, la consommation d'alcool et de tabac, le niveau d'activité et les antécédents médicaux.
La fonction cognitive a été évaluée sur la base de plusieurs tests (le Mini-Mental State Examination (MMSE), le Benton's Visual Retention (BVRT), l'Isaacs' Set Test et le Trail Making Test).
Sur cet échantillon, 7,6 % des femmes ont eu une ménopause prématurée, 79% une ménopause « naturelle », 10% liée à des causes chirurgicales et 11 % à des traitements. 20% des femmes ont eu recours à un THS, la démence a été diagnostiquée chez 10% des femmes au cours du suivi.
La ménopause prématurée est associée, par rapport aux femmes ménopausées après 50 ans, à,
· une augmentation de 56% du risque de réduction de fluidité verbale,
· une augmentation de 39 % du risque de déclin de la mémoire visuelle,
· aucune augmentation du risque de déclin de la mémoire visuelle en cas de traitement hormonal pendant la ménopause prématurée,
· aucune augmentation du risque de déclin cognitif global ou du risque démence.
Une ménopause précoce, qu'elle soit naturelle ou liée à des causes chirurgicales est associée à un risque double de mauvaise fluidité verbale,
Chez les femmes diagnostiquées avec démence, la ménopause prématurée est associée à un risque accru de 35% de réduction de la vitesse mentale et de la fonction cognitive globale sur les 7 années de suivi.
En conclusion, l'analyse constate que la ménopause prématurée est liée à la détérioration de la fluidité verbale et de la mémoire visuelle après l'âge de 65 ans. Curieusement, le traitement hormonal substitutif (THS) s'avère associé à une amélioration de la mémoire visuelle mais semble réduire la capacité verbale. Aucun lien entre ménopause prématurée et risque accru de démence n'est constaté.
La conclusion la plus importante est donc que la ménopause prématurée n'est aucunement liée à la démence, mais, principalement à une détérioration de la capacité verbale.
Source: BJOG An International Journal of Obstetrics and Gynaecology May 7 2014 DOI: 10.1111/1471-0528.12828 Impact of a premature menopause on cognitive function in later life
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