Cette étude d’une équipe de l'Université de l'Indiana (IU) évalue les bénéfices éventuels du recours, en prophylaxie, à la thérapie par pression négative (TPN) pour favoriser la cicatrisation et réduire l'infection du site opératoire après césarienne chez la femme obèse. Ces données présentées dans le JAMA montrent en effet des résultats similaires avec des soins de pansement standards. Avec des implications considérables en regard de la croissance du taux et nombre d’accouchements par césarienne dans le monde.
Les femmes enceintes obèses (IMC > 30 avant la grossesse) sont plus susceptibles d'avoir leur bébé par césarienne et sont également plus susceptibles de développer une infection sur le site chirurgical. L'infection post-op pouvant entraîner des séjours hospitaliers plus longs, une augmentation du coût des soins de santé et être particulièrement problématique pour les mères qui doivent prendre soin de leur nouveau-né.
La thérapie à pression négative (TPN) consiste à utiliser un pansement spécial sur une plaie et à utiliser un système de pompage à très basse pression, connecté au pansement, afin de créer une pression d'air négative sur le site de la plaie. La TPN est particulièrement adaptée aux plaies ouvertes, dont les plaies diabétiques et les plaies chirurgicales, dont elle facilite la prise en charge et accélère la cicatrisation. Des systèmes de TPN mobiles ont également été approuvés par les Agences sanitaires pour application sur des plaies fermées après la fermeture de l'incision au moment de la chirurgie.
Obésité, césarienne, TPN ou pas TPN ?
Il s'agit ici du premier essai clinique, randomisé, multi-sites, portant sur les effets du recours à la TPN chez les femmes obèses venant de subir une césarienne. L’étude menée auprès de 1.608 femmes obèses, suivies dans 6 hôpitaux, n’identifie aucune différence significative dans le risque d'infection du site opératoire après l'accouchement par césarienne avec traitement prophylactique des plaies par TPN (3,6%) vs soin de pansement standard (3,4%).
Précisément, les participantes ont été réparties au hasard pour :
- recevoir les soins de pansement standards (n=802) ;
- bénéficier de la TPN après la fermeture de la césarienne (n=806).
Le dispositif de TPN a été retiré après une moyenne de 4 jours.
- Dans le groupe TPN, 29 femmes ont développé une infection au site chirurgical vs 27 dans le groupe pansement standard : une différence qui n’apparaît donc pas statistiquement significative ;
- les taux d'événements indésirables majeurs après la chirurgie, y compris le décès maternel, l'infection du sang, l'admission en unité de soins intensifs et la nécessité d'une hystérectomie après l'accouchement, n’ont pas non plus différé de manière significative entre les 2 groupes ;
- en revanche, la TPN apparaît associée à une incidence plus élevée des irritations cutanées, des saignements et des rougeurs (7,0% contre 0,6%).
Pas de réduction du risque d'infection avec la TPN : ainsi, le recours à la TPN en prophylaxie pour ce type précis de plaie chirurgicale chez ce groupe ciblé de patientes ne semble pas réduire le risque d'infection, concluent les chercheurs. Ils relèvent la rareté des infections avec les soins standard et insistent sur les bons protocoles d’asepsie et de technique chirurgicale lors de la fermeture de l'incision.
« Il existe des interventions fondées sur des preuves standards, moins coûteuses et nous devons concentrer nos efforts à la mise en œuvre de ces interventions éprouvées. Ici, la TPN ne fait aucune différence ».
Ces résultats ne soutiennent donc pas l'utilisation systématique du traitement prophylactique des plaies par pression négative chez les femmes obèses après une césarienne. Cependant, ils suggèrent d'autres recherches, sur les effets de la TPN dans ces cas cliniques bien spécifiques, sur les délais de cicatrisation notamment.
Source: JAMA 22 Sept, 2020 Effect of Prophylactic Negative Pressure Wound Therapy vs Standard Wound Dressing on Surgical-Site Infection in Obese Women After Cesarean Delivery: A Randomized Clinical Trial
Plus sur la Césarienne sur Gynéco Blog