Les infections sexuellement transmissibles (IST) « passent tellement après » les cas de COVID-19, révèle cette équipe de l’Institut Johns Hopkins que les déclarations de cas d’IST chutent dans les statistiques du système américain de surveillance des maladies à déclaration obligatoire.
C'est un bon exemple de maladies dont le dépistage et le suivi ont été impactés par la priorité centrée sur le COVID-19.
Avec des conséquences considérables en Santé publique, pour les années à venir, conclut l’étude publiée dans la revue Sexually Transmitted Infections.
Les systèmes de santé se focalisent sur l’épidémie de COVID-19, reportant à plus tard les dépistages, le suivi des maladies chroniques, une grande partie des chirurgies électives et parfois des urgences cardiovasculaires. « Depuis le premier trimestre 2020, on craint que la déclaration des autres maladies puisse être également affectée par les nécessités de prise en charge de l’épidémie, et c’est a priori le cas en ce qui concerne la déclaration des infections sexuellement transmissibles (IST).
L’équipe de Baltimore vient d’effectuer l’analyse des cas signalés d'IST aux États-Unis au cours des 40 premières semaines de 2020 et comparé ces données avec celles enregistrées pour la même période en 2019. L’analyse a pris la fin de la semaine 11 ou le début théorique de la pandémie comme point de départ pour cette comparaison des cas d'IST signalés en 2020 vs 2019. Les chercheurs ont donc pris en compte les nombres de cas de COVID-19 et de trois IST – chlamydia, gonorrhée et syphilis – enregistrés par le National Notifiable Diseases Surveillance System managed des US Centers for Disease Control and Prevention (CDC).
La comparaison du nombre de cas hebdomadaires en 2020 des semaines 1 à 11 vs semaines 12 à 40, révèle des diminutions élevées pour 2 IST :
- – 20,2% pour l’infection à chlamydia
- -3,0% pour la gonorrhée ;
- mais une augmentation de 5,5% des déclarations de cas de syphilis.
En comparant les données cumulatives de déclaration de cas depuis le début de l'année à la semaine 40 en 2019 avec la même période en 2020, les chercheurs constatent globalement une diminution de la « chlamydia » (18,2%) et de la syphilis (6,9%), mais aucun changement significatif du nombre de cas de gonorrhée (0,06%) ;
- comparé au nombre de cas signalés chaque semaine pour COVID-19 au cours des semaines 12 à 40 de 2020, les chiffres hebdomadaires des trois IST semblent associés de manière inverse au nombre de cas de COVID-19 :
- une forte notification de cas de COVID-19 coïncide avec une réduction des déclarations d’IST
- Ces diminutions observées des cas signalés de chlamydia et, dans une moindre mesure, de gonorrhée et de syphilis sont très probablement liées à la diminution des tests et de la notification des cas, un moins grand nombre de patients allant rechercher des soins médicaux avec l’apparition de symptômes d’IST pendant la pandémie.
L’étude met cependant en avant un besoin critique de stratégies innovantes ( de home-tests par exemple) pour contrer cette baisse des diagnostics et des déclarations de cas au cours d’une pandémie.
Source: Sexually Transmitted Infections Dec, 2020 DOI: 10.1136/sextrans-2020-054805 Reporting of sexually transmitted infections during the COVID-19 pandemic
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