Chaque organe ou presque a son microbiome, c’est aussi le cas de la peau et de la muqueuse vaginale. Et à l’instar du microbiote intestinal, qui « rayonne » aujourd’hui dans la santé en général, métabolique mais aussi mentale, le microbiote vaginal apporte une grande contribution à la santé du même organe. « Les bactéries sont la clé de la santé vaginale », écrivent ces chercheurs de l’Université de l’Arizona. Explications dans la revue npj Biofilms and microbiome.
Selon les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américains, la vaginose bactérienne est la maladie gynécologique la plus courante et la plus récurrente, affectant près de 30 % des femmes âgées de 15 à 44 ans. Cette étude identifie une famille de bactéries spécifique qui contribue à la vaginose bactérienne et ouvre ainsi la voie à de nouvelles options diagnostiques, préventives et thérapeutiques.
« La vaginose bactérienne restait une énigme »,
explique l’auteur principal, le Dr Melissa Herbst-Kralovetz, professeur agrégé de sciences médicales fondamentales au College of Medicine – Phoenix qui, avec son équipe, révèle que les bactéries Veillonellaceae contribuent à une augmentation de l'inflammation et de la mort cellulaire, et modifient l'acidité du microenvironnement cervical. Ces changements favorisent la vaginose bactérienne et créent des conditions favorables à d’autres maladies gynécologiques dont les infections sexuellement transmissibles (IST) et le cancer.
3 espèces bactériennes déjà indentifiées : les chercheurs savaient sans les avoir précisément identifiés que de nombreux facteurs bactériens contribuent à la vaginose. L'appareil reproducteur féminin est colonisé par de nombreuses bactéries qui favorisent la santé, telles que les lactobacilles. Si ces bactéries sont considérées comme amicales, un déséquilibre peut conduire à la création d'un biofilm agglomérant de nombreux microbes nocifs qui favorise le développement de la maladie. À l'aide d'un modèle cellulaire en 3D, l’équipe a évalué les effets de 3 bactéries – Veillonella atypica, Veillonella montpellierensis et Megasphaera micronuciformis – sur le microenvironnement cervical. Cette analyse révèle que :
- 2 espèces, V. atypica et V. montpellierensi, diminuent le lactate, un acide généralement produit par des bactéries bénéfiques qui protège contre les infections nocives ;
- Ces 2 espèces augmentent également les substances qui jouent un rôle dans l'odeur vaginale associée à la vaginose bactérienne ;
- M. micronuciformis favorise la progression de la maladie en augmentant l'inflammation et en boostant la mort cellulaire grâce à la production de molécules de graisse.
D’autres recherches « polymicrobiennes » ou portant sur plusieurs espèces bactériennes seront nécessaires pour décrypter les effets d'interaction complexes, interactifs et synergiques des nombreuses espèces du microbiote vaginal sur la santé reproductive des femmes. Le modèle 3D développé par cette équipe va contribuer à déterminer si et comment d'autres espèces modifient l'environnement vaginal et favorisent la vaginose bactérienne.
Différentes espèces, différentes contributions : au-delà des effets synergiques, pouvoir identifier les effets respectifs de chaque espèce permettrait d’obtenir des cibles diagnostiques et thérapeutiques.
« Il est important de savoir qui sont les principaux acteurs, mais aussi comment ils influencent les processus physiologiques et les maladies, afin que de développer des stratégies ciblées pour traiter la vaginose bactérienne, prévenir les IST et le cancer ».
Source: npj Biofilms and microbiome 06 July 2021 DOI : 10.1038/s41522-021-00229-0 Veillonellaceae family members uniquely alter the cervical metabolic microenvironment in a human three-dimensional epithelial model
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